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Léda, le sourire en bannière


 

 

J’ai beaucoup de savoir-faire
et un savoir-être qui s’améliore avec le temps.
Mais un jour quelque chose
vient
quelqu’un vient
vient
et remet tout en question
vient et dit
« Je ne suis pas sûr que
comment dire
Mademoiselle Léda Burdy
nous puissions
continuer à travailler ensemble.
Non pas que vos compétences linguistiques
non pas que votre savoir-faire ne s’améliore pas avec le temps
votre sourire
vos capacités d’accueil
d’accueillir notre public
nos clients
soient défaillantes.
Nous devons nous rendre à l’évidence.
Votre /
physionomie
vos /
pourtours
votre /
votre masse
votre gabarit /
votre gabarit
ne /
comment le dire
en toute simplicité
sans détour et effet de langue /
votre savoir-être ne correspond plus aux exigences du marché. »
Egon Framm
vient
et dit
tout de go
« Léda Burdy, vous ne correspondez plus aux exigences du marché.
Ne le prenez pas mal.
Ce sont des choses qui arrivent.
Chacun fait son temps.
Si nous avions le choix.
Si le marché n’était pas aussi sévère.
S’il n’imposait pas autant de rigueur.
Mademoiselle Léda Burdy
le marché
ses contraintes
nos exigences
font que
soit vous changez
soit nous serons
dans l’obligation de nous séparer de vous.
Cela étant
nous connaissons votre dévouement
votre professionnalisme.
Aussi il me semble
nous semble
j’en suis
j’en suis
nous en sommes
persuadés
qu’il ne devra pas être trop difficile pour vous de rectifier le tir
d’échanger
votre 42 ?
pour notre 34.
Vous êtes volontaire.
Vous pouvez le faire.
Nous sommes confiants. »

 

 

Magali Mougel, Léda, le sourire en bannière.
Dans Guerillères ordinaires. Poèmes dramatiques.
Saint-Gély-du-Fesc, Éditions Espaces 34, 2013, p. 40-42.

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