Archives et traces coloniales

Dispositifs de déplacement dans Erratum, protocole de performance in situ

Ross Louis, Erratum, 2019
© Ross Louis

 

Insérée dans une pochette à la fin de l’ouvrage Bougainville et ses compagnons autour du monde : 1766-1769, journaux de navigation se trouve une feuille annonçant un erratum portant sur la légende de la figure 37 (page 110 du Tome I[1]).

Au lieu de : Bourguignon d’Anville : le Pacifique vu par un géographe de la première moitié du XVIIIe siècle.

Lire : Développement de la route suivie par la Boudeuse et l’Étoile.

L’erreur semblerait négligente, voire attendue pour un ouvrage en deux volumes qui comprend des centaines d’images et de figures. Cependant, l’effet de ce seul erratum est assez frappant. Si, en regardant une image de « la route suivie par la Boudeuse et l’Étoile », on pense au contraire qu’elle représente une perspective de l’océan Pacifique, la lecture de la carte du voyage entreprise par les deux navires de Louis-Antoine de Bougainville lors de la première expédition française autour du monde sera forcément bouleversée. Le document s’ouvrira à d’autres lectures, à d’autres imaginations.

Classiquement employé par des imprimeurs pour signaler une erreur afin de la corriger, l’erratum veut mettre un texte au plus près de la vérité factuelle. Mais si l’erratum annonce une faute d’impression, peut-être révèle-t-il aussi la possibilité qu’un document soit constitué de matériaux en attente d’éventuelles corrections (des corrigenda répondant aux errata) ? Peut-être peut-il également servir à réimaginer ce qu’un document est censé dire. En l’occurrence, pourrait-on imaginer d’autres versions de l’histoire racontée par le document archivistique ? Ou même des histoires parallèles qui parleraient d’autres manières de penser des faits – tels qu’un voyage autour du monde ?

Le projet Erratum souhaite relire certains éléments de l’histoire coloniale française et emploie ainsi l’erratum en tant que dispositif pour questionner les liens entre des explorateurs français du XVIIIe siècle, le transport des plantes lors de leurs voyages et le système esclavagiste transatlantique. Créé lors d’une résidence de recherche-création à l’Université de Bretagne Occidentale[2], il interroge l’archive et ses traces subtilement lisibles dans les lieux publics où se trouvent les mémoires des plantes et jardins coloniaux, mais aussi les marques de ce que Myriam Cottias appelle « l’oubli de l’esclavage »[3].

Erratum prend la forme d’un marque-page imprimé d’errata qui superposent les archives d’un navire négrier de 1768 (L’Etourdy) au récit de l’expédition mondiale de Louis Antoine de Bougainville, ainsi que des instructions pour transporter des plantes en métropole à la même époque. Le marque-page est inséré dans quelques livres consultables dans les bibliothèques municipales et universitaires de Brest. Il invite ceux et celles qui le trouvent à se rendre au Jardin des explorateurs, le long de la rade de Brest, pour participer à une expérience in situ qui consiste à lire des errata et à réaliser certains protocoles performatifs. Ces derniers suggèrent des chemins, des réflexions et des gestes afin d’inciter, dans le présent, à fournir des réponses corporelles à un passé autrement inscrit dans les documents d’archives.

 

© Ross Louis

© Ross Louis

En transformant la forme de l’erratum en une invitation à une performance participative et individuelle, le projet déclenche une série de déplacements progressifs (des documents d’archives choisis, des lieux, des participant·es) qui permettent de nouvelles lectures de certaines « traces immatérielles » toujours présentes dans certains lieux contemporains[4]. Mobilisé comme dispositif de performance, l’erratum entend relier des faits historiques concomitants. Il favorise une transposition où la « découverte » de nouveaux territoires coloniaux, le trafic et le transport de personnes d’Afrique vers ces nouvelles colonies, et enfin le développement de jardins botaniques consacrés aux plantes transportées vers la métropole sur les mêmes navires qui débarquaient des esclaves, pourraient être lus conjointement.

Comme le demande Saidiya Hartman, serait-il possible « de générer un ensemble différent de descriptions » de l’archive esclavagiste qui représente elle-même « une condamnation à mort, une tombe, une exposition du corps violé, un inventaire des possessions »[5] ? Le dispositif propose que les traces de cette archive puissent se retrouver ailleurs, loin de l’époque, des lieux ou des corps de la traite esclavagiste elle-même. Elles réapparaissent dans les récits des expéditions coloniales, dans les conseils pour le transport de plantes « découvertes » aux Amériques, ou encore sur les étiquettes de la flore que l’on trouve dans les jardins contemporains. Erratum invite ainsi à une rencontre avec ces traces afin de les engager tel un palimpseste qui navigue entre fait et documentation.

Organisée autour de quatre concepts-clés, cette proposition développe en texte et en image le jeu de déplacement engendré par le projet Erratum. Les sections « marque-pages » et « errata » exposent les substitutions textuelles effectuées, révélant à la fois la forme matérielle et les documents d’archives qui permettent des questions critiques. La découverte du marque-page provoquera-t-elle des liens entre le livre dans lequel il se trouve et les errata imprimés sur l’objet lui-même ? Quel est le rapport, par exemple, entre le Supplément au voyage de Bougainville de Diderot et le transport de plantes et d’esclaves ? Quant aux sections « bibliothèques » et « jardins », elles traitent des lieux de l’expérience in situ, notamment du mouvement des participant·es : leur découverte d’un marque-page dans un livre donné, leur déplacement d’une bibliothèque brestoise au Jardin des explorateurs et leurs réponses possibles aux protocoles performatifs[6].

 

Marque-pages

 

 

© Ross Louis

 

© Ross Louis

 

Erratum commence dès qu’un marque-page est trouvé parmi les rayons de cinq bibliothèques brestoises ou dans la boîte à dons de la place Guérin[7]. Les marque-pages sont posés dans les livres en fonction de leurs titres, auteur·rices ou thèmes et mettent ainsi la performance en dialogue avec des événements, lieux, sujets ou méthodes invoqués par le projet : le voyage de Bougainville autour du monde, les jardins botaniques, les voyages de plantes coloniales, la traite esclavagiste transatlantique, l’archive et la performance. On les découvre à travers une liste de livres qui a été diffusée avec une invitation par courriel à un réseau brestois de résident·es, d’étudiant·es, de chercheur·ses et d’artistes à participer au projet en décembre 2019 :

Erratum est une performance in situ et participative qui considère de potentiels et multiples liens entre des explorateurs français du XVIIIe siècle et la découverte et le transport des plantes lors de leurs voyages.

Le projet prend la forme d’un marque-page caché dans soixante-six livres consultables dans les bibliothèques municipales et universitaires de Brest (voir ci-dessous la liste des livres et les lieux où vous pouvez les trouver).

Après avoir sélectionné un de ces livres, vous êtes invité·e à suivre les instructions performatives trouvées dans le marque-pages qui vous mèneront au Jardin des explorateurs.

La découverte d’un marque-pages n’est pas garantie. Son activation in situ dépend de la volonté des personnes qui ont reçu l’invitation ou de celles qui trouvent les marque-pages par hasard. Par ailleurs, aucune documentation n’est demandée aux participant·es éventuel·les. Le projet et son activation restent alors discrets, voire inconnus : ce parti pris repose sur l’intimité d’une rencontre entre une personne, un livre, un marque-page, des archives, un lieu et des gestes.

 

© Ross Louis

 

Conçu en forme d’accordéon recto-verso, le marque-page est produit en risographie, une méthode d’impression qui utilise des pochoirs en fibres végétales recyclées pour créer des impressions multiples où chaque couche de couleur se superpose aux autres[8]. Les impressions risographiques emploient des encres dites « non archivistiques » qui produisent des effets de texture tout en laissant des taches et bien que celles-ci s’effacent avec le temps, leurs traces évoquent l’effet d’un palimpseste.

Ce dispositif consiste ainsi en une chaîne documentaire à dérouler où un support imprimé renvoie aux multiples pistes poursuivies lors du processus de recherche à Brest. À titre d’exemple : les voyages brestois servant à la traite esclavagiste de 1678 à 1822 ; le voyage autour du monde de Louis-Antoine de Bougainville de 1766 à 1769, parti de Brest en raison d’un mât brisé quelques jours après son départ original de Nantes ; les deux tomes du Répertoire des expéditions négrières françaises au XVIIIe siècle par Jean Mettas ; l’installation en 2002 à Brest d’un jardin dédié aux explorateurs français à l’endroit même, à peu près, d’où est parti un navire négrier (L’Etourdy) en 1768 ; la présence dans ce jardin de diverses « découvertes » telles que des hortensias ou encore des « bacs en bois » qui « rappellent des caisses utilisées pour le transport des graines » et des plantes[9].

Trouvées à travers un travail de terrain et des consultations aux archives, ces références imbriquées retournent toujours à la matérialité : des navires, des caisses de transport, des plantes et surtout des corps. Le marque-page veut réinscrire les effets charnels des voyages transatlantiques en offrant des strates des histoires concomitantes, l’une transposée sur l’autre.

En tant que point d’entrée dans le projet, le marque-page est d’abord un dispositif interactif, comme on le verra plus loin dans les sections « bibliothèques » et « jardins ». Le palimpseste évoqué par la forme de l’objet invite ses lecteur·rices à engager les fragments de textes cités en relation au livre où il·elles le trouvent. Une lecture imaginative s’ouvre au fur et à mesure que les participant·es cherchent à établir des liens entre les références aux voyages des explorateurs, des plantes ou des esclaves indiqués sur le marque-page et le contenu du livre où il a été trouvé. En effet, l’apparition du marque-page dans une ouvrage consacrée au « book art » de Rodney Graham, par exemple, entraînera sûrement une lecture différente de celle donnée par un livre sur les projets artistiques politiques contre l’esclavage.

 

Errata

 

La participation de chacun·e dépend alors de la façon dont il ou elle active les errata assemblés dans le marque-page. Il s’agit d’une série de textes tirés de trois documents différents, chacun ancré dans les pratiques du XVIIIe siècle : la colonisation de territoires, de personnes et de plantes. Au recto, des extraits du Voyage autour du monde : par la frégate la Boudeuse et la flûte l’Étoile écrit par Bougainville en 1771 sont « corrigés » par des extraits de l’Avis pour le transport par mer des arbres, des plantes vivaces, des semences et diverses autres curiosités d’Histoire naturelle publié en 1752[10]. Ces derniers sont « corrigés » au verso par des extraits du dossier du voyage pris par L’Etourdy en 1768 qui se trouve dans le Répertoire des expéditions négrières françaises au XVIIIesiècle[11].

 

© Bibliothèque nationale de France © Bibliothèque nationale de France  © Persée

 

Au total, il y a douze errata présentés, six au recto et six au verso, et le mouvement des uns aux autres mène à une lecture transposant des voyages simultanés, cela afin de produire un déplacement critique qui les questionne, mais qui questionne surtout leurs conséquences corporelles. À titre d’exemple :

Au lieu de : Pendant les premiers jours, nous eûmes assez constamment les vents d’ouest-nord-ouest au ouest-sud-ouest et sud-ouest, grand frais.

Lire : Quant aux arbres ou plantes vivaces, on y peut attacher avec du fil de laiton, et non de fer, des étiquettes faites avec des ardoises, sur lesquelles on écrit avec une pointe ; il faut écrire lisiblement, et graver profondément.

Au lieu de : Quant aux arbres ou plantes vivaces, on y peut attacher avec du fil de laiton, et non de fer, des étiquettes faites avec des ardoises, sur lesquelles on écrit avec une pointe ; il faut écrire lisiblement, et graver profondément.

Lire : Arrivée à Ouidah : 27 août 1768 ; 390 esclaves, dont 264 de « cargaison ».

Puisqu’ils se terminent chaque fois par une correction issue du Répertoire des expéditions négrières françaises au XVIIIe siècle, les errata rappellent toujours des documents d’archives, et plus précisément, cet instrument de recherche construit par Jean Mettas en préparant sa thèse en histoire sur la traite esclavagiste française[12]. Parmi les voyages transatlantiques qu’il a documentés dans les deux tomes de son Répertoire figure le navire L’Etourdy, aussi présenté comme L’Étourdie. Cette frégate du roi a quitté la rade de Brest le 15 mai 1768 et est arrivée à Juda le 27 août de la même année où elle « a traité 390 Noirs, dont 264 de cargaison ». Puis le 23 avril 1769, « le navire est arrivé au Cap avec 276 Noirs : 116 H. ; 95 F. ; 29 g. ; 36 f., dont 29 Noirs de pacotille »[13].

J. Mettas, Répertoire des expéditions négrières françaises au XVIIIe Siècle, 1984
© Persée

Ce voyage triangulaire entre la métropole, la côte ouest de l’Afrique et les colonies françaises d’outre-mer est répété au moins 3 342 fois dans le Répertoire que l’on pourrait effectivement renommer « méta-archive ». L’outil de Mettas transforme en douze rubriques (six par colonne) les données recueillies dans les archives nationales, départementales, municipales et étrangères relatives à chaque instance documentée de la traite esclavagiste française.

1. Tonnage du navire. 7. Escales hors d’Afrique et en Afrique avant les sites de traite, et dates.
2. Nombre d’hommes d’équipage, suivi du nombre de morts. 8. Sites de traite, dates de la traite, nombre de Noirs traités ; escales après la traite avant l’arrivée en Amérique.
3. Nom du capitaine, puis nom du remplaçant en cas de mort ou d’empêchement. 9. Nombre de morts parmi les Noirs, pendant la traite, le voyage, la vente, ou dans toute l’opération.
4. Nom de l’armateur. 10. Escales en Amérique, lieux de vente des Noirs et dates, nombre de Noirs vendus.
5. Date de l’armement du navire. 11. Port et date de retour en France, ou port de désarmement, ou nature du sinistre et date.
6. Port et date de départ. 12. Durée de l’expédition en mois et semaines.

Comme l’a expliqué Mettas, « Les recoupements que permettent ces diverses catégories doivent s’organiser en fonction d’une problématique qui envisagera les rythmes de la traite »[14]. Les résultats de son travail d’archivage ont été publiés post-mortem en tant que « matériaux bruts », reprenant la même forme que celle que Mettas a développée au cours de sa recherche de thèse : « port par port, navire par navire, cargaison par cargaison »[15]. Si ces rubriques traduisent en chiffres les vies réelles des esclaves, elles témoignent également de l’impossibilité pour les archives de contenir la matérialité de leur contenu : comme le constate Terry Cook, il y a « trop de preuves, trop de mémoire, trop d’identité »[16] pour se limiter aux archives, et ainsi chaque archive ouvre la possibilité d’une intervention qui questionne ce qui n’a pas été enregistré.

On peut donc traiter le répertoire de L’Etourdy en tant qu’archive inachevée, produisant peut-être une rupture dans l’organisation archivistique du passé, avec l’intention d’interroger la mémoire par d’autres biais.

On peut par exemple interroger cette archive/ce mot comme un dispositif de déplacement de personnes catégorisées uniquement par les lettres H, F, g ou f, ou encore par l’étiquette de « pacotille ».

On peut aussi réimaginer son voyage de Brest à la côte ouest de l’Afrique jusqu’au Cap de Saint-Domingue sous l’influence de l’adjectif auquel son nom fait référence :

[En parlant d’une personne] Qui agit de façon irréfléchie, irraisonnée. Synonymes : distrait, dans la lune (familière), inattentif, oublieux.

[En parlant d’un trait de comportement d’une personne] Qui est effectué sans réfléchir.

[En parlant d’une partie du corps] Qui garde une légère trace de la douleur passée.

[En parlant d’une personne] Qui est ébranlé par un choc physique ou moral au point, parfois, de perdre conscience momentanément[17].

Enfin, les errata servent à faire réapparaître les traces de certains corps effacés mais toujours présentes dans les calques du palimpseste restant dans ces documents d’archives.

 

Bibliothèques

 

© Ross Louis

 

© Ross Louis

 

Si l’archive témoigne de la volonté de s’approprier et d’organiser les traces de l’histoire[18], la bibliothèque consiste, elle, en une tentative de rendre compte de ce qui est connaissable ou du moins lisible. La bibliothèque présente un environnement où l’espace est organisé par discipline et nous nous trouvons dans des environnements différents en fonction de nos recherches : des connaissances par rayons, par étages ou encore par quartiers.

À la Bibliothèque universitaire des Lettres de Brest, par exemple, on peut lire l’histoire du voyage de Louis Antoine de Bougainville en 1766 (qui comportait une petite escale à Brest), et sur ce même rayon on trouve l’Atlas des esclavages[19]. Au premier étage, le dialogue philosophique de Diderot sur le voyage de Bougainville se trouve à quelques pas d’un récit que Jules Verne lui a consacré pour Les grands explorateurs du XVIIIe siècle[20]. Ailleurs, à la Bibliothèque universitaire Bougen-Technopôle, L’herbier des explorateurs côtoie Botanique du désir[21]. Enfin, pour trouver La Canne à sucre ou Une écologie décoloniale, il faut parcourir dix kilomètres du centre jusqu’à Plouzané où se trouve la Bibliothèque La Pérouse entre la plage du Dellec et la Pointe du Diable[22].

Erratum positionne donc les lieux où se trouve un marque-page posé dans un livre – les cinq bibliothèques et une boîte à dons – comme des éléments à mettre en relation avec le livre sélectionné et le contenu du marque-page lui-même. Ayant trouvé un marque-page in situ, soit par hasard en cherchant autre chose, soit en se rendant à l’adresse indiquée sur la liste distribuée, les participant·es peuvent s’interroger sur la pertinence d’un tel objet dans un tel lieu. Quel lien peut-on imaginer, par exemple, entre les textes imprimés sur le marque-page, le sujet d’un certain livre, le classement du livre sur un rayon particulier et le lieu où les participant·es les rencontrent ?

Un jeu de transposition s’opère, permettant une réflexion sur les lieux en tant que réservoirs de mémoire qui invitent aussi à des déplacements imaginaires entre le passé et le présent. Parfois ces lieux se présentent de manière discrète, laissant les participant·es réfléchir ou non à leurs possibles significations. D’autres fois, il est difficile de les ignorer et ils participent plus ouvertement au décryptage du dispositif.

 

© Ross Louis

 

© Ross Louis

 

À titre d’exemple, un marque-page se trouve dans un exemplaire du Supplément au voyage de Bougainville. Dialogue entre A et B sur l’inconvénient d’attacher des idées morales à certaines actions physiques qui n’en comportent pas, de Denis Diderot, posé dans une petite boîte à dons au cœur de Place Guérin. En le trouvant, pensera-t-on à des échanges quotidiens qui définissent ce micro-lieu et qui font écho à d’autres types d’échanges, ceux décrits dans le marque-page ?

De même, parmi la vingtaine de marque-pages à découvrir à la Médiathèque François Mitterrand, ceux trouvés dans Arts et lettres contre l’esclavage, Jardins botaniques de la marine en France ou dans la revue Bout du monde : carnets de voyageurs[23] suscitent diverses manières de penser l’erratum et le lieu où il est découvert, en l’occurrence une bibliothèque installée dans les colossaux Ateliers des Capucins, ancien chantier de la Marine Nationale. Ou enfin, le marque-page trouvé à la Bibliothèque La Pérouse dans un exemplaire du Voyage autour du monde de Bougainville, rangé au bout d’un rayon juste en face des fenêtres panoramiques orientées vers l’ouest et l’océan Atlantique, invite lui aussi à penser aux différents voyages partis de Brest au XVIIe siècle.

 

Jardins

 

© Ross Louis

 

Situé au 3, rue de la Pointe, le long du port industriel et naval de Brest, le Jardin des explorateurs commémore les explorateurs français du XVIIIe et les plantes qu’ils ont « découvertes » et transportées jusqu’aux jardins royaux de l’époque. Quatorze carrés sont disposés par continent, chacun portant de petites étiquettes qui identifient les plantes par leur nom générique, leur taxon scientifique et leur pays d’origine.

Contre le mur en pierre sont fixés des panneaux explicatifs, donnant une orientation de la visite : la naissance du jardin botanique de la Marine de Brest en 1694, le célèbre voyage de Bougainville à la charge de Louis XV, la collection de plantes du botaniste Philibert Commerson lors de ce voyage ou encore d’autres noms importants pour l’exploration ou l’exploitation végétale des territoires français (Étienne Raoul, Jacques Julien Houton de La Billardière). Au-dessus, le long d’une passerelle surélevée, sont présentées des explications sur les principales plantes introduites en France (l’hortensia, la fraise) et les méthodes utilisées pour leur transport (serres de voyage, vases en tronçons de bambous, caisses fermées).

Si l’un des principes fondateurs d’un jardin botanique est la présentation de plantes collectées ailleurs, peut-être les plantes elles-mêmes laissent les traces qui deviennent des pistes à suivre. À titre d’exemple, les voyages obligés par l’ordonnance royale (9 septembre 1726) pour « apporter des graines et des plantes des colonies des pays étrangers pour le jardin des plantes médicales »[24] avaient toujours d’autres objectifs en tête, comme la découverte coloniale de Bougainville, ou encore le commerce esclavagiste.

Parmi les 3 343 voyages transatlantiques documentés par Mettas, on en trouve trente-trois portant un nom de navire invoquant la botanique, dont La Flore, La Jeune-Flore, La Grande-Flore, L’Aimable Flore, Fleurissant, La Fleur-Amériquaine et Fleury. Les noms de ces navires en particulier peuvent ainsi nous rappeler, comme le propose l’artiste Uriel Orlow, que « les plantes ne sont jamais de simples objets botaniques neutres et passifs, mais ont toujours été des actrices sur la scène de l’histoire et de la politique elles-mêmes »[25].

Erratum vise à invoquer les liens entre le voyage, la flore et le corps traité en invitant les participant·es à se rendre directement au Jardin des explorateurs pour réaliser une série de protocoles performatifs attachés, un par un, à chaque erratum imprimé dans le marque-page. Concrètement, les participant·es sont invité·es à se promener dans le jardin, à interagir avec des éléments in situ et à produire des gestes, tout en faisant dialoguer leurs lectures particulières des errata avec leurs expériences du lieu contemporain.

Six protocoles apparaissent au recto et encore six au verso du marque-page, une organisation inspirée par les douze catégories rangées par Mettas dans son Répertoire. Cette stratégie voit dans des chiffres des expéditions esclavagistes les fragments de récits inachevés et oubliés et cherche donc à « combler les lacunes et apporter un dénouement là où il n’y en a pas »[26].

Il s’agit d’une activation personnelle de certaines archives coloniales à travers des protocoles donnés, une expérience qui dépend de la volonté de chaque participant·e, une activation donc intime et discrète. Si, comme l’estime Richard Schechner, chaque geste est une recombinaison des comportements déjà faits ailleurs, les gestes introduits par les participant·es au Jardin des explorateurs invoquent nécessairement le passé[27]. Ces gestes sont des « comportements restaurés » et ouvrent ainsi à une relation entre le passé et le présent vécu[28].

Les protocoles visent une réflexion in situ qui permet non seulement la modification de la perception du jardin, mais encore la translation en expérience corporelle des traces impensées de certaines expéditions coloniales. Ce déplacement final de la performance en appelle à la transposition des documents d’archives dans des lieux et des corps contemporains, transposition qui vise à exposer la potentialité des lectures personnelles et incarnées de l’histoire effacée.

 

© Ross Louis

 

Dans un premier temps, les protocoles situent les participant·es dans un contexte historique, celui des voyages des « grands explorateurs français ». À travers les premiers protocoles, les participant·es sont invité·es à un tour du Jardin, entouré par des grands murs en pierre qui bloquent la vue sur le port en isolant les plantes de l’industrie maritime située juste à l’extérieur. Les protocoles proviennent des observations faites in situ lors de mon travail de terrain et cherchent à susciter des résonances avec les errata qu’ils accompagnent. Ils mobilisent donc le corps comme instrument de savoir afin d’appréhender les effets matériels des voyages célébrés dans le jardin. L’objectif est d’inciter l’anachronisme comme outil critique, au sens où l’entend Georges Didi-Huberman : « Devant une image, il ne faut pas seulement se demander quelle histoire elle documente et de quelle histoire elle est contemporaine, mais aussi : quelle mémoire elle sédimente, de quel refoulé elle est le retour »[29].

À titre d’exemple, le deuxième erratum introduit les missions de deux types de voyages coloniaux :

Au lieu de : Votre Majesté a voulu profiter du loisir de la paix pour procurer à la géographie des connaissances utiles à l’humanité[30].

Lire : Ceux qui, pour leur utilité, ou pour satisfaire leur goût ou celui des autres, veulent transporter des plantes ou des graines, ou d’autres curiosités naturelles, d’un endroit à un autre fort éloigné, doivent savoir que ces transports se font presque toujours en pure perte, faute des précautions nécessaires[31].

Les protocoles qui suivent cet erratum propose aux participant·es une exploration du lieu afin qu’ils ou elles laissent leurs propres empreintes, preuves matérielles de leur rencontre avec les intentions exprimées dans les archives, mais aussi avec les « fantômes de plantes qui nous rappellent les affaires inachevées du passé »[32]. Comme l’observe Tim Ingold, « il existe des lignes fantômes qui ont des conséquences bien réelles sur les déplacements humains »[33].

Faites une trace sur le sol qui suivra votre visite du jardin.

Prenez une fleur fanée ou une graine d’une plante ; gardez-la.

En face du banc de Bougainville, posez quelque chose à la place de l’étiquette perdue.

Faites une mesure de la hauteur, la largeur et la longueur de l’un des carrés de plantes.

Debout derrière le banc de la batterie du cavalier, faites un geste inutile.

 

© Ross Louis

 

Les six protocoles qui se trouvent au verso du marque-page positionnent les participant·es sur la passerelle au-dessus du jardin. Ils accompagnent les errata qui remplacent les textes tirés de l’Avis pour le transport par mer des arbres, des plantes vivaces, des semences et diverses autres curiosités d’Histoire naturelle avec des chiffres de L’Etourdy enregistrés par Mettas dans son Répertoire.

Au lieu de : Avis pour le transport par mer des arbres, des plantes vivaces, des semences et diverses autres curiosités d’Histoire naturelle, Henri-Louis Duhamel du Monceau et Roland-Michel de la Galissonnière, Paris, 1752.

Lire : Répertoire des expéditions négrières françaises au XVIIIe siècle, Jean Mettas, Paris, 1984 (Tome 2).

Rendez-vous au jardin des explorateurs, rue de la Pointe, Brest. Entrez dans le jardin, fermez le portail. Montez les escaliers jusqu’à la passerelle, en regardant constamment la flore à votre droite (en ignorant le château, le fleuve, la mer).

 

© Ross Louis

 

En arrivant au-dessus, les participant·es peuvent regarder le jardin autrement. Des carrés de plantes, des panneaux et des bancs apparaissent dans leur ensemble, vus de la perspective des planches en bois qui servent comme des points d’observation, voire de surveillance. Le positionnement sur la passerelle, en accord avec la chaîne des errata et protocoles lus, encourage donc une réflexion in situ sur des traces de la traite esclavagiste inscrites dans les archives et récupérées par Jean Mettas.

Erratum est une invitation à scruter certains détails des extraits de ces archives dans un lieu dont les éléments (panneaux, étiquettes, noms de voyages) en parlent déjà. C’est une invitation à lire les textes et le lieu lentement, soigneusement, comme le montrent le deuxième erratum et protocole du côté verso :

Au lieu de : Ceux qui, pour leur utilité, ou pour satisfaire leur goût ou celui des autres, veulent transporter des plantes ou des graines, ou d’autres curiosités naturelles, d’un endroit à un autre fort éloigné, doivent savoir que ces transports se font presque toujours en pure perte, faute des précautions nécessaires.

Lire : L’Etourdy, frégate du roi ; voyage brestois 11e de 13 ; Mettas No. 1 834.

Arrêtez-vous à chaque planche en bois pour regarder le jardin en-dessous.

Les conseils exposés dans cet erratum, issus de l’Avis pour le transport par mer des arbres, des plantes vivaces, des semences et diverses autres curiosités d’Histoire naturelle, répondent évidemment aux ordonnances royales de XVIIIe siècle qui ont obligé l’importation de plantes. Mais on peut s’interroger sur d’« autres curiosités », telles que la provenance du voyage esclavagiste de l’Etourdy en 1768. Ce navire a lui aussi voyagé sur commission royale, bien que cela soit assez rare : sur tous les voyages documentés par Mettas, seule seize proviennent du roi, les autres d’armateurs privés comme la Compagnie des Indes.

Les troisième et quatrième errata et leurs protocoles au verso continuent la relecture et l’activation des extraits d’archives. Les chiffres de la cargaison de deux voyages différents sont transposés, ainsi que le mot « cargaison » lui-même, pour souligner l’effet matériel de l’archive, c’est-à-dire sa capacité à faire émerger des traces effacées. Sur la passerelle au-dessus du jardin, la documentation de la flore, des matériaux et des corps se mêlent, les participant·es s’appropriant le lieu comme un palimpseste, une surface sur laquelle il·elles laissent de nouvelles traces, les formes de certains mots peut-être.

Au lieu de : Il est indispensable de faire pour soi-même, des catalogues exacts de tous les envois, et d’en joindre des copies à ces mêmes envois.

Lire : Sorti de Brest : 15 mai 1768 ; 300 tonnes ; 51 hommes d’équipe ; capitaine Chevalier de Fayard.

Pensez à un synonyme du mot étourdi et tracez-le avec votre doigt sur une des planches.

Au lieu de : Quant aux arbres ou plantes vivaces, on y peut attacher avec du fil de laiton, et non de fer, des étiquettes faites avec des ardoises, sur lesquelles on écrit avec une pointe ; il faut écrire lisiblement, et graver profondément.

Lire : Arrivée à Ouidah : 27 août 1768; 390 esclaves, dont 264 de « cargaison ».

Comptez le nombre de plantes différentes visibles dans le jardin.

 

© Ross Louis

 

Selon Barbara Formis, « la vie de l’archive s’incruste dans la réalité », elle est présente « dans la répétition, dans la reprise, dans le maintien en vie accompli par le sujet, dans la survivance »[34]. Les lectures et les gestes auxquels incite Erratum rappellent la présence documentaire de certains éléments in situ, parfois évidents, d’autres fois dissimulées. Ces éléments témoignent cependant de la potentialité de l’archive à surprendre, à sortir des ombres à travers des gestes.

Les 264 personnes classées comme « cargaison » ; la ligne implacable gravée sur une carte coloniale qui lie Ouidah à Saint-Domingue ; le nom d’une frégate du roi qui a suivi cette ligne ; les noms manquant de son journal de bord. Ce ne sont là que quelques-unes des traces rendues invisibles par le mouvement incessant des personnes traitées et transportées vers les Amériques au cours du XVIIIe siècle. Peut-être ont-elles déjà été remplacées par la masse de plantes renvoyées à la métropole ou par les noms de voyageurs qui se trouvent aujourd’hui sur les murs de jardins.

Finalement, le processus participatif d’Erratum souhaite matérialiser ces traces, du moins les rendre visibles et lisibles. Suivant la suggestion de Samir Boumediene d’exposer ce que la « colonisation du savoir » a précédemment voilé, le marque-page et ses protocoles visent « une manipulation, une expérience »[35] qui déclenchera d’autre manières de parler des faits coloniaux.

 

Notes

[1] Étienne Taillemite, Bougainville et ses compagnons autour du monde : 1766-1769, journaux de navigation, 2 vol, Paris, Imprimerie nationale, 1977.

[2] Réalisé in situ à Brest en 2019, Erratum s’inscrit dans un cycle de recherches performatives qui interrogent le dispositif de l’archive, et les traces directes ou indirectes liées au système esclavagiste transatlantique et collectées sur des lieux historiques en France. Erratum est la première performance de ce cycle. La deuxième, An (imaginary) inventory of (palimpsest) plants, gardens and other related objects in French colonial New Orleans, a été présentée à la Nouvelle-Orléans en 2021.

[3] Myriam Cottias, « Sur l’Histoire et la mémoire de l’esclavage? », Cités, no 25, 2006, p. 178.

[4] Françoise Vergès, « Préface. Mémoires et patrimoines vivants de la traite négrière et l’esclavage », In Situ, no 20, 2013, p. 6.

[5] Saidiya Hartman, « Venus in two acts », Small Axe, no 12|1, 2008, p. 2-14.

[6] Mon travail pour ce chantier a été soutenu par une bourse Marie Sklodowska-Curie (no. 892721, European Union Horizon 2020 Research and Innovation Programme).

[7] La Médiathèque de Saint-Martin ; la Bibliothèque universitaire des Lettres et Sciences humaines ; la Bibliothèque universitaire Bougen-Technopôle ; la Médiathèque François Mitterrand ; la Bibliothèque La Pérouse.

[8] Le format des marque-pages a été suggéré par l’artiste Julie Morel. Avec le design graphique de Nathalie Bihan, ils ont été imprimés par Super Banco à Brest.

[9] « Les parcs et jardins », Brest.fr métropole & ville, 10 juin 2021.

[10] Louis-Antoine de Bougainville, Voyage autour du monde par la frégate du roi la Boudeuse et la flûte l’Étoile, Paris, Saillant and Nyon, 1771 ; Henri-Louis Duhamel du Monceau et Roland-Michel de la Galissonnière, Avis pour le transport par mer des arbres, des plantes vivaces, des semences et diverses autres curiosités d’Histoire naturelle, Paris, Imprimerie Royale, 1752.

[11] Jean Mettas, Répertoire des expéditions négrières françaises au XVIIIe siècle, tome second, portes autres que Nantes, édition scientifique de Serge Daget et Michèle Daget (dir.), Paris, Société française d’histoire d’Outre-mer, 1984.

[12] Mettas est mort en 1975, n’ayant pas terminé sa thèse. Son « répertoire » a été publié sous la direction de Serge Daget en deux volumes, l’un traitant des 1 427 voyages au départ de Nantes et l’autre des 1 916 voyages au départ des autres ports français.

[13] Jean Mettas, Répertoire des expéditions négrières françaises au XVIIIe siècle, tome second, portes autres que Nantes, art. cité, p. 136-137.

[14] Jean Mettas, « Pour une histoire de la traite des Noirs française : sources et problèmes », dans La traite des Noirs par l’Atlantique, nouvelles approches, Paris, Société française d’histoire d’Outre-mer, 1976, p. 19.

[15] Serge Daget, « Introduction », dans Jean Mettas, Répertoire des expéditions négrières françaises au XVIIIe siècle, tome premier, Nantes, édition scientifique de Serge Daget et Michèle Daget (dir.), Paris, Société française d’histoire d’Outre-mer, 1978, p. xi.

[16] Terry Cook, « Evidence, memory, identity, and community: Four shifting archival paradigms », Archival Science, no  3|2-3, 2013, p. 113.

[17] Art. « Étourdi », CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales).

[18] Jacques Derrida, « Trace et archive. Image et art », Penser à ne pas voir. Écrits sur les arts du visible, 1979-2004, Paris, Éditions de la Différence, 2013, p. 114.

[19] Marcel Dorigny, Bernard Gainot et Fabrice Le Goff, Atlas des esclavages : De l’Antiquité à nos jours, Paris, Autrement, 2018.

[20] Denis Diderot, Supplément au voyage de Bougainville. Dialogue entre A et B sur l’inconvénient d’attacher des idées morales à certaines actions physiques qui n’en comportent pas, Paris, Garnier Flammarion, [1779] 1972 ; Jules Verne, Bougainville : Récit, Paris, Magellan & Cie, [1879] 2005.

[21] Florence Thinard, L’Herbier des explorateurs : Sur les traces de Théophraste, Jussieu, La Pérouse, Darwin, Livingstone, Toulouse, Plume de carotte,  2012 ; Michael Pollan, Botanique du désir : Ces plantes qui nous séduisent, trad. Sébastien Marty, Paris, Autrement, 2004.

[22] Robert Fauconnier et D. Bassereau, La Canne à sucre, Paris, Maisonneuve et Larose, 1970 ; Malcom Ferdinand, Une écologie décoloniale : Penser l’écologie depuis le monde caribéen, Paris, Éditions du Seuil, 2019.

[23] Marcel Dorigny, Arts et lettres contre l’esclavage : le combat abolitionniste par les arts (XVIe-XXIe siècle), Paris, Cercle d’art, 2018 ; Claude-Youenn Roussel et Arièle Gallozzi, Jardins botaniques de la marine en France : mémoires du chef-jardinier de Brest, Antoine Laurent (1744-1820), Spezet (Finistère), Coop Breizh, 2004 ; Bouts du monde : carnet de voyageurs, n29, Angers, Bouts du monde, 2017.

[24] Yannick Romieux, « Le transport maritime des plantes au XVIIIe siècle », Revue d’histoire de la pharmacie, n° 343, 2004, p. 406.

[25] Uriel Orlow et Shela Sheikh, Theatrum Botanicum, Berlin, Sternberg Press, 2018, p. 22-23.

[26] Saidiya Hartman, « Venus in two acts », art. cité, p. 8.

[27] Richard Schechner, Performance Studies: An introduction, Londres-New York, Routledge, 2002, p. 22.

[28] Ibid., p. 28.

[29] Georges Didi-Huberman, « La condition des images », dans Frédéric Lambert (dir.), L’Expérience des images, Bry-sur-Marne, INA, 2011, p. 95.

[30] Louis-Antoine de Bougainville, Voyage autour du monde par la frégate du roi la Boudeuse et la flûte l’Étoile, op. cit.

[31] Henri-Louis Duhamel du Monceau et Roland-Michel de la Galissonnière, Avis pour le transport par mer des arbres, des plantes vivaces, des semences et diverses autres curiosités d’Histoire naturelle, op. cit.

[32] Uriel Orlow et Shela Sheikh, Theatrum Botanicum, op. cit., p. 22-23.

[33] Tim Ingold, Une brève histoire des lignes, trad. Sophie Renaut, Bruxelles, Zones sensibles, 2011, p. 70.

[34] Barbara Formis, « L’utopie de l’identique », dans Isabelle Barbéris (dir.), L’Archive dans les arts vivants. Performance, danse, théâtre, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2015, p. 97 et p. 99.

[35] Samir Boumediene, La Colonisation du savoir : une histoire des plantes médicinales du « Nouveau Monde » (1492-1750), Vaulx-en-Velin, Les Éditions des mondes à faire, 2019, p. 323.

 

L’auteur

Ross Louis est est chercheur-artist et professeur en performance studies à l’Université Xavier de Louisiane (États-Unis). Ses recherches développent des approches performatives et décoloniales au sein des archives institutionnelles. Actuellement lauréat d’une bourse Marie Sklodowska-Curie (Commission européenne) à l’Université Jean Moulin, Lyon 3, il co-dirige le projet « Performer l’imaginaire de la Nouvelle-Orléans ». Il est également co-fondateur et co-directeur du Performance Studies Laboratory (Université Xavier de Louisiane) et chercheur associé au laboratoire MARGE (EA3712).

 

Pour citer ce document

Ross Louis, « Archives et traces coloniales. Dispositifs de déplacement dans Erratum, protocole de performance in situ », thaêtre [en ligne], Chantier #7 : Document-matériau (coord. Marion Boudier et Chloé Déchery), mis en ligne le 8 novembre 2022.

URL : https://www.thaetre.com/2022/11/08/dispositifs-de-deplacement-dans-erratum/

 

Les commentaires sont clos.