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Dispositifs et situations d’écoutes architecturales

Conclusion


 

Après avoir mis en écoute une architecture, et commencé patiemment à l’habiter en écoutant, en y soulignant des trajectoires évidentes tout autant qu’en y pistant des lignes de fuites invisibles, nous avons peu à peu construit des stratégies de mise sur écoute via des rituels et des dispositifs d’audibilisation des différents espaces architecturaux. Rituels conçus comme des dispositifs sociaux d’écoutes partagées (communauté d’écoutants), des protocoles expérientiels propices à l’éclosion de situations d’écoutes communes, habitables. Dispositifs conçus comme des cadres d’écoutes, parfois médiatisés, le plus souvent via des artefacts technologiques, embarqués, ou bien installés in situ, déployés dans ou à travers les espaces qu’ils audibilisent, recomposent, décalent, déplacent. Rituels et dispositifs d’attention(s) propices au partage d’expériences inédites, renouvelant notre rapport aux lieux traversés : du simple et si nécessaire retour à une écoute consciente, en présence, ici et maintenant, jusqu’aux visées, aux intentionnalités artistiques d’une écoute compositrice. Écoutes vécues, habitées, ouvrant à une réappropriation sensible des lieux au-delà de leurs usages coutumiers, utilitaristes, laborieux, vitaux. Installation plus ou moins performative, performance plus ou moins installatoire, marche d’écoute solitaire ou guidée. Forme toujours mutante, en devenir, toujours ouverte et disposée à se rendre attentive aux singularités de chaque nouveau lieu, afin d’y (re-)composer une nouvelle architecture sonore aux frontières fluides, ondoyantes, membraneuses.

Arrivé ici, il sera légitime de s’interroger sur ce qui se donne réellement à entendre au sein de ce type d’expérience située. Le lieu pour ce qu’il est : son identité, sa réalité sonore propre ? Ou bien, via l’usage des dispositifs (et plus particulièrement lors de la médiatisation phonographique), la projection subjective et fictionnelle d’une certaine écoute du lieu : « une fabrique esthétique de ce qui nous environne »[1] ?

 

« Porte Monument »

 

© Stéphane Marin

 

 

Notes

[1] Éric La Casa, Sounds of Europe, cité dans Alexandre Galand, Field recording, op. cit., p. 63. « La réalité ne serait alors qu’une ‘‘fiction’’ produite (par l’attention) au fur et à mesure de l’enregistrement. »

 

 

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